Félicitations, vous avez passé l’été à vous demander quel instrument vous alliez apprendre, et vous avez choisi la guitare ! Vous avez choisi le type de guitare sur lequel vous allez jouer, vous commencez les cours et préférez jouer au médiator plutôt qu’aux doigts.
Fort bien, mais maintenant il va falloir choisir votre médiator ! En allant au magasin, vous verrez généralement sur le comptoir une boîte organisée en petits compartiments remplis de médiators de toutes les couleurs, des petits, des gros, des jolis, des moches… Voici donc quelques éléments pour s’y retrouver !
N.B : ce qui est dit ici vise à guider l’immense majorité des guitaristes débutants ou s’intéressant pour la première fois – et c’est tout à leur honneur – à cet espèce de triangle qui leur sert à jouer de la guitare. Nous sommes au courant des querelles de chapelles qui animent les forums de discussion depuis leur création, mais l’objet de cet article n’est pas d’être pointilleux, ce qui serait vain, le médiator parfait n’existant que pour une certaine personne, sur un certain instrument, dans un certaine situation !
Dur ou souple ?
Alors, on ne vas pas y aller par quatre chemins : un médiator dur, c’est mieux qu’un médiator mou. En effet, avec un médiator dur, la palette sonore du guitariste s’élargit puisque les sonorités des plectres (=médiators) mous sont disponibles, simplement en tenant le médiator moins fermement, en plus des sonorités propres aux médiators durs.
Les débutants en guitare d’accompagnement affectionnent les médiators mous parce qu’ils peuvent s’y cramponner de toutes leurs forces sans toutefois jouer les cordes trop fort. Mais il y a un prix à payer. Et je ne parle même pas de l’impossibilité de développer une technique satisfaisante, de l’absence de dynamique et donc d’un jeu monotone et sans âme ; non, je veux parler de quelque chose de bien plus immédiat : le flap flap.
Le flap flap, (ce n’est pas un vrai terme, inutile de chercher à se renseigner sur le sujet :-D), c’est ce son très désagréable qui ressemble à une carte à jouer dans une roue de vélo. Une fois qu’on l’a entendu, après c’est fichu, on n’entend plus que ça. C’est un peu comme les chanteurs ou chanteuses qui prennent bruyamment leur respiration dans le micro. Mais en continu ou presque, en tout cas à chaque fois qu’un accord est gratté.
Donc le tout mou, on évite !
Un médiator dur demande plus de maîtrise, puisque si on attaque fort, ça tonne, ça frise, la guitare se transforme en casserole ! Il faut donc beaucoup plus adapter sa technique de main droite à ce que l’on joue. Et c’est très bien ! Cela ouvre la porte à plein de possibilités sonores, à un jeu dynamique. On peut jouer doucement, fort, entre les deux, on peut jouer plus vite, on n’a pas ce flap flap qui nous pourrit la vie…
Il faut donc trouver le médiator qui vous convient, pas trop mou, mais si vous ne voulez pas vous enquiquiner à travailler votre main droite parce qu’après tout, tout ce que vous voulez c’est accompagner avec quelques accords, inutile de prendre quelque chose de trop rigide que vous n’arriverez pas à maîtriser.
La matière
Il existe tout plein de matériaux pouvant servir à la fabrication des médiators, d’ailleurs les plectriers (fabricants de plectres) s’en donnent à cœur joie : plastiques de toutes sortes, bois divers, os, métaux, pierres… bon, mais si vous allez au magasin de guitare pour acheter un médiator, ce sera plutôt du plastique. Eh oui, le bois c’est joli, mais ça coûte cher. Et ça s’use très vite, donc ce n’est pas rentable.
Car oui, un médiator, ça s’use, et certains matériaux sont plus résistants que d’autres. Par exemple, un médiator en métal sera très résistant, mais ne procurera pas un très beau son.
Car oui, un médiator, c’est quand même ce qui rentre en contact avec les cordes et les met en vibration… donc ça influe énormément sur le son !
Fort heureusement, le plastique, que vous trouverez donc très facilement, donne de bons résultats. Ca sonne bien, c’est pas cher, c’est solide. Tout va bien. Le reste, c’est vraiment pour des besoins spécifiques, ou pour les collectionneurs. Seulement, des plastiques, il y en a plein, et l’ultem ne sonne pas du tout comme le nylon, qui lui-même sonne bien différemment de l’acétate de cellulose…
Le plus simple est d’en acheter plusieurs et d’essayer. Vous verrez ce qui fait sonner le plus agréablement votre instrument. Ensuite, vous pourrez essayer différentes formes et duretés. Si vous savez déjà que vous aimez les médiators de telle dureté, de telle forme, n’hésitez pas à essayer des modèles similaires mais faits d’autres matériaux, vous trouverez peut-être votre médiator parfait 🙂 !

Un médiator en palissandre, un en os, un en plastique.
La forme
Quand on choisit la forme de son médiator, il y a deux aspects à prendre en compte : la taille, et la forme de la pointe.
La taille détermine le confort de jeu : un petit médiator, de type « Jazz » ou « Teardrop », permet d’avoir la main plus près des cordes, ce qui est généralement admis comme gage de précision mais demande des mouvements de poignet un peu plus importants qu’un grand médiator, qui permettra de moins bouger le poignet mais proposera une « visée » un peu plus plus floue… C’est surtout une question de goût et d’habitude, en fait.
Notez toutefois que si vous avez des grandes paluches, vous serez sûrement bien plus à l’aise avec un grand médiator, alors que si vous avez de petites mimines, les petits médiators vous siéront sans doute bien mieux.
La forme de la pointe détermine quant à elle l’attaque de la note. Une pointe arrondie donnera une attaque plus douce et donc un son plus velouté, tandis qu’une pointe… pointue (!) provoquera une attaque franche, nette et définie, et donc un son clair et brillant. Et évidemment, entre les deux, il y a les pointes intermédiaires, ni trop arrondies, ni trop anguleuses et là encore, c’est une histoire de goût.
L’épaisseur
Souvent, mou = fin et dur = épais. Mais en fait, ça dépend de la matière, dont nous avons parlé plus haut. Certains matériaux permettent d’obtenir un médiator très fin mais très rigide (exemple extrême : l’acier) et d’autres proposent des médiators très gros mais très mous (exemple extrême : la feutrine).
L’épaisseur a cela d’intéressant qu’elle influe sur le confort de jeu : un médiator plus épais aura tendance à glisser sur les cordes, alors qu’un médiator fin procure des sensations plus nettes, on sent plus le contact avec les cordes.
Cela influe donc également sur l’attaque : une pointe épaisse bien biseautée, qui glisse sur les cordes, procure une attaque plus douce ; un médiator fin sera en contact moins longtemps avec la corde, l’attaque sera donc plus nette.
Attention ! Un médiator trop épais… ça fait plic plic.
Le plic plic, c’est ce cliquetis qui se fait entendre dès qu’on attaque une note. Cela ne se produit qu’avec les médiators très, très épais (3mm et plus). C’est aussi embêtant que le flap flap, sauf pour les guitaristes de Jazz manouche, adeptes de cette attaque très bruyante.
Certaines matières sont particulièrement sujettes au plic plic, comme l’os ou la pierre.
Quelques exemples :
- Un médiator très fin et très rigide à la pointe anguleuse est excellent pour les styles de Rock virtuoses. (Par exemple : Dunlop Jazz III, Dunlop Tortex H3, Ibanez Heavy voire Extra Heavy)
- Un médiator épais, à la pointe moins définie, sera un excellent choix pour le Jazz. (Par exemple : Dunlop Jazztone, Dunlop Gator 1.5mm voire 2mm)
- Pour la guitare d’accompagnement, un médiator plus souple et fin fera très bien l’affaire ; la forme de la pointe n’est pas très importante. (Par exemple : Dunlop Nylon 0.88mm, Fender Teardrop Medium ou Heavy, Fender 351 Medium ou Heavy)
Un guitariste jouant un peu de tout cherchera quelque chose d’équilibré et adaptera sa technique en fonction de ce qu’il joue.

Deux médiators de forme « Jazz » et un « Teardrop » (au centre).
Voilà ! Gardez donc à l’esprit ces quelques points :
- évitez les flap flap et autres plic plic ;
- essayez plusieurs médiators pour trouver le(s) bon(s) ;
- un médiator pourra fonctionner très bien dans une situation mais pas dans une autre ;
- si vous possédez plusieurs guitares, n’hésitez pas à choisir le médiator qui convient le mieux à chaque instrument.
Il n’y a pas de vérité absolue en la matière, et comme toujours on pourrait citer des contre-exemples assez frappants de guitaristes jouant avec des bouts de plastoc plus proche du bouton de culotte qu’autre chose et arrivant pourtant à avoir un son de folie. A l’inverse, avoir trouvé le meilleur médiator du monde (qui, si vous avez suivi, n’existe pas) ne fera pas instantanément de vous le plus grand guitariste du monde (qui d’ailleurs n’existe pas non plus).
Le médiator ne fait pas tout. Il en va de même pour l’instrument. A bon entendeur 🙂 …
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